MURIEL, ATSEM A LA MATERNELLE DE POMMERIEUX-SILLEGNY

Connaissons-nous bien le métier d'ATSEM ?
Tous les parents connaissent l'ATSEM, mais qui connaît vraiment ce métier ? Muriel, qui l'exerce à la maternelle de Sillegny-Pommérieux, en parle.

"Je suis arrivée en août 1995 comme agent d'entretien à l'école. J'aime les enfants, le contact passe bien. Très vite, j'ai eu envie de devenir ATSEM, mais il me fallait le CAP petite enfance et le concours de la fonction publique. J'ai pris des cours par correspondance pour obtenir ce diplôme. La reprise des études n'a pas été de tout repos car, en plus de ma journée de travail, j'avais mes trois enfants à m'occuper en rentrant et ensuite, mes cours. Le désir et la volonté l'emporte toujours : j'ai eu mon CAP et le concours, et en 2004, j'étais titulaire. "

Muriel est toute menue, mais il émane d'elle une force surprenante et en même temps : quelle douceur !

Que fait une ATSEM ?
"Il y un apriori qui reste sur ce métier car au départ, il ne s'agissait que d'accompagner les enfants aux toilettes et changer les culottes sales. Aujourd'hui, les textes précisent "assister les enseignants dans leurs activités pédagogiques et veiller au bien-être des enfants en matière d'hygiène et de soins et de veiller à la décoration de la classe" Nous avons donc un rôle prépondérant à l'école maternelle. Celle-ci ne pourrait plus fonctionner sans ATSEM."

Quelles sont les compétences requises pour ce métier ?

"Avoir toujours le cœur ouvert, même lorsque nous-mêmes ou les enfants sommes fatigués et que cela devient difficile. Les enfants sont le reflet de la société trépidante ; ils sentent et reproduisent, c'est pourquoi, leur faire appliquer les règles: oui, mais les repousser: jamais ! Cela s'appelle la bienveillance."

Vaste programme ! Il faut être « mère Theresa » ?... Rires

"Pas seulement ; il faut un sens aigu de l'organisation. L'enseignant est le responsable pédagogique. Il respecte le programme de l'éducation nationale. Pour nos classes, c'est la directrice, Myriam, qui établit un calendrier. Chez ces enfants, le travail passe beaucoup par les arts plastiques, dont chaque grande réalisation coïncide avec une fête, comme la fête des mères etc. Le temps est court entre chaque fête, il faut être capable d'anticiper."

Vous devez avoir la peur de ne pas avoir fini à temps ?
"Non. Je sais comment je fonctionne et je me mets suffisamment la pression pour que cela n'arrive pas."

Comment savez-vous ce qu'il faut faire faire aux enfants ?
"C'est Myriam qui me le demande. Elle suit son programme. Nous travaillons sur les contes, sur la nature...mais toujours avec le lien à la vie. Myriam me dit : "Muriel, j'aimerais que tu fasses quelque chose sur les petites bêtes de la nature..."

Nous sommes loin du pot de yaourt décoré pour mettre les crayons, où trouvez-vous l'inspiration pour la déco ?
"J'ouvre grand l'armoire à matériel et je regarde les papiers, les couleurs, tout ce qui s'y trouve, et c'est comme si quelques matières, formes et couleurs s'assemblaient et une petite coccinelle m'apparaît en pensée : là, je sais ce que je vais faire...Bien sûr, ce n'est qu'une idée que je soumets à Myriam. Depuis toutes ces années, je sais ce qu'elle attend de moi et j'ai sa confiance. J'ai conscience de mon rôle d'aide ; c'est l'écoute mutuelle qui met de l'huile dans les rouages."

Vous êtes la petite fée clochette du travail manuel ?
"La maternelle n'est pas que cela. Il faut une bonne capacité d'adaptation et être polyvalente car les petits passent très vite d'une énergie à une autre. Parmi les différentes activités auxquelles je participe, il y a aussi l'E.P.S.."

Vous avez été formée pour le sport à l'école?
"Oui car on ne peut pas faire n'importe quoi, même comme assistante. J'ai la chance de bénéficier des stages du Centre de la Fonction Territoriale, qui sont très pointus dans des domaines tels que : psychologie, éducation, arts plastiques, yoga, retour au calme et également, gestion d'enfants difficiles ou handicapés...J'aime me perfectionner, cela me permet de donner plus aux enfants."

Et pour la sieste, il y a une formation ?
"Et bien oui ! Il ne s'agit pas de les laisser dormir dans le noir ; la sieste est une activité importante. Il y a un rituel : d'abord un échange sur un thème ; la dernière fois, les enfants ont choisi les animaux de la ferme. Je prends un livre et nous le commentons ensemble. A ce sujet, j'ai une anecdote : en regardant le lapin, je demande "comment s'appelle la maman lapin ?" Les enfants disent : "la lapine"  "Et le petit ? " une fillette répond : " l'apéro"...Rires. Les mots d'enfant sont aussi des cadeaux. Donc, après le livre qui sert de transition entre l'activité précédente et le sommeil réparateur, il y a le lâcher-prise du corps physique et là, je guide doucement à la détente à l'aide d'une musique douce. Le réveil est aussi guidé pour qu'ils se sentent à la fois calmes et régénérés."

Vous avez l'air d'avoir un métier passionnant.
"Absolument. Mais si les enfant sont  plein d'énergie toute la journée, j'en ai moins le soir.

J'interviens sur les deux classes. Les enfants travaillent par petits groupes. Je les accompagne tour à tour pour les toilettes, pour le goûter...Je profite de la récréation pour nettoyer les tables. Et en même temps, je reste disponible pour chacun. Il y a toujours une demande pour des mains sales, un bobo ou quelque chose à me dire et comme je ne fais pas partie de l'éducation nationale, je complète mes heures en accompagnant les enfants dans le bus le matin et le soir."

Une assistante maternelle, c'est un lien entre l'instance pédagogique et la maman ?
"Oui, c'est pourquoi c'est très riche et plein de bons moments comme quand je vois les yeux d'un enfant qui pétillent devant une œuvre que nous venons de terminer ensemble, ou à chaque fois qu'ils me font rire avec leurs mots d'enfants et aussi quand ils se serrent contre moi et me disent : « Tu es la plus belle Muriel ! » Alors, je trouve encore, au bout de 20 ans, que c'est un très beau métier!"